La nuit, tous les pas sont gris.
Par Benman - 13-12-2015 01:51:40 - 12 commentaires
L’hiver approche. Les dernières lueurs du jour arrivent de plus en plus tôt.
Le changement d'heure a changé radicalement l'ambiance. L'arène de la nuit chante son air lugubre et mélodieux à la fois.
Si entre chien et loup, tous les chats sont gris, cette heure particulière grise aussi certains qui broyaient du noir durant la journée.
Pendant ce temps, d’autres, prudemment, mettent le voile sur une journée qu’ils ont illuminée de leur diurne et dure activité.
Par quelle version expliquer l'aversion de certains à la nuit, tandisque d'autres attendent que tout s'éteigne pour briller de mille feux?
Crier au loup pour dominer ses peurs ?
Nuit noire
La nuit venue, l’homo normalicus rentre chez lui pour rejoindre sa tribu et se dépêcher de mettre son temps de cerveau disponible devant un écran de la dernière techno, du même type que celui devant lequel j’écris ces quelques lignes.
Homo normalicus éteint doucement sa lumière avant de sombrer dans les bras de Morphée. Il a déjà morflé un max, well, dans la journée, pas la peine d'en rajouter.
Nuit électrique
Un deuxième type d’être humain brave parfois les ténèbres lorsque l’astre de la nuit a revêtu ses habits de lumière, pour profiter de la vie et transpirer sur les dancefloors : l’homo davidguettus.
Il se distingue par sa capacité le soir venu à sortir en bande pour aller coloniser des terriers en forme de boite.
L’homo davidguettus apprécie particulièrement de tester la réaction de son corps soumis à un flux continu de techno réglée sur 160 bpm.
Cela lui permettra normalement d’exploser ses oreilles badigeonnées d’alcool et faire de belles rencontres pour plus tard redevenir un homo normalicus ayant enfin constitué sa tribu.
Boire un coup pour dominer ses peurs ?
Nuit éclectique
Enfin, je vous propose un éclairage sur un hominidé du troisième type : l’homo noctotraileurus.
Celui-ci a souvent appartenu auparavant à l’une ou l’autre des catégories pré-citées.
Mais il est beaucoup plus chouette désormais, hibou même de sortir tout au long de sa rude journée de travail.
Il rêve, la nuit venue, de revêtir son habit de batman et speeder, magnifique, à la vitesse de la lumière, dans des lieux où enfin il ne sera plus l’ombre de lui-même.
Il pourra ainsi transpirer sur le groundfloor des champs et de la nature au milieu de la faune noctambule.
Courir un coup pour dominer ses peurs?
Celui là considère que la techno est surtout là pour lui procurer la frontale qui lui permettra enfin d’éclairer la face cachée de la lune, ou le cardio dernier cri qui lui rappellera qu’au-delà de 160 bpm, il risque de pousser son dernier cri.
L’homo noctotraileurus est plutôt bien dans ses baskets pour aller se promener dans des endroits improbables à une heure hindoue. Mais c’est un doux, et il sait contempler ce qui s’offre à lui.
Nuit tranquille
La nature a en effet repris ses droits à cette heure.
C’est l’heure notamment où monsieur sanglier, le célèbre suidé des bois suit des pistes avec son groin à la recherche de quelque friandise aux pieds des arbres.
Il est altruiste, pour sa truie et sa tribu restée au chaud derrière l’écran végétal marquant l’entrée de la bauge. Il grogne en revenant de son bouleau à sa laie gitime : "bauge ton corps, que je te couvre de glands".
Oui, le sanglier transpire beaucoup sur les trails…
L’homo noctotraileurus est un habitué de ces rencontres à la lueur de la boue giclant à ses pieds pleins d’ampoules.
Même s’il n’est pas toujours une lumière, il sait bien que sa présence va déranger un petit équilibre précaire et sait se faire discret pour observer ce qui s’offre à lui.
La pratique régulière de la course la nuit permet de se fabriquer plein de souvenirs.
Qui n'a pas croisé une queue de renard froufouteuse s'enfuyant, ou un champ noir rempli de billes jaunes alignées deux par deux clignant d'étonnement devant la lumière blanche les fixant.
Je vous ai à l'oeil
Nuit fantasmagorique
L'homo noctotraileurus aime le charme fantomatique de celui qui se meut sans s'émouvoir ni laisser de trace. Il se raconte des histoires dans sa tête, et laisse son imagination déborder.
Il sait parfaitement que certaines ombres peuvent se transformer en loup garou à la faveur d'éclairages rapprochés sur une feuille ou une fougère.
La nuit, une question au moins est résolue: je me gare où?
Tout se prête à l'interprétation et l'imagination; les bruits sont exacerbés: certains animaux se croient seuls et décident d'empêcher les autres de dormir en hurlant, babillant, grondant, huant, sifflant, couinant ou jappant.
Nuit technique
Ces animaux nocturnes ont ainsi des facultés que l'homo noctotraileurus n'a pas:
le hibou a une chouette vue cent fois meilleure qu'un pilote de ligne, l'obscurité ne lui nuit pas;
la chauve-souris se repère grâce à un sonar, c'est son art;
le serpent, plein de sang froid, a une camera thermique lui permettant de détecter sa proie encore chaude.
Chouette, la hulotte ulule, munie de sa camera infra-rouge.
Au final, l'homo noctotraileurus devient un spécialiste de la vie intime des animaux de nuit.
Il s'arrête souvent, éteint la lumière, laissant monter en lui l'ambiance de la ouate de nuit.
Il prie tel un chaman, parfois le coeur battant la chamade, pour laisser passer un chat, bon camarade, ou ces petits cochons de laies.
Il reconnait chaque arbre du coin où il court et devient bientôt un familier des lieux. il est comme l'homo davidguettus en sortie de boite: les blaireaux lui disent bonjour.
Quand vous appelez les blaireaux par leur prénom, c'est que vous êtes très nature
Nuit magique
Bref, l'homo noctotraileurus est prêt à faire plein de choses formidables. Comme il ne supporte parfois pas longtemps d'être seul, il recherche des congénères pour faire les mêmes trucs que lui, et alors il créé les courses de nuit.
Comme il est pas à l'aise au début, ben il s'entraine, croise des blaireaux mais aussi fait des chouettes rencontres.
Et des fois il raconte tout ça dans des récits un peu bizarres.
Bienvenue dans la secte! - photo trails-endurance